Le Chevalier Roze, la peste en Morée et à Marseille

Connu pour ses exploits pendant la grande peste de 1720 à Marseille, le Chevalier Roze s’était déjà distingué pour des faits similaires dans le Péloponnèse, en Grèce …

Nicolas Roze voit le jour le 25 septembre 1675, quai de Rive-Neuve à Marseille. La rue qui porte aujourd’hui son nom et que j’ai habitée se trouve de l’autre côté du Vieux-Port.

Envoyé en 1695 par son père à Alicante, il entame sous la direction de son frère Claude, un sérieux apprentissage commercial. Il sauve la ville d’Alicante assiégée par les troupes de l’archiduc Charles, second fils de l’Empereur Léopold. En récompense, Louis XIV le fait Chevalier de Saint-Lazare. Les hostilités achevées, il rentre à Marseille et reprend les transactions commerciales.

En 1717, il est appelé en Morée (Péloponnèse), probablement sur proposition de son frère Claude auprès de la Chambre de Commerce. Un de ses amis, Joseph Maillet, consul général à Patras, fait de lui son second. Il devient ainsi vice-consul à Modon (aujourd’hui Méthoni), Navarin (aujourd’hui Pylos) et autres dépendances qui font alors partie de l’Empire Ottoman. La France est en effet liée à l’empire par des accords commerciaux anciens et privilégiés ; elle a pour mission de réorganiser le commerce avec la création de ce consulat général à Patras ; mais la tâche n'est pas simple, la région est dévastée par une guerre récente.

Nicolas Roze assiste de façon volontaire les marchands français, rachète des esclaves, en priorité français mais pas seulement, et il accompagne également la population dans un contexte de peste grave. Il en retire une expérience et acquiert la connaissance des mesures sanitaires à prendre (évacuation des cadavres, nettoyage, hygiène, …).

Joseph Maillet meurt. Le Chevalier Roze ne s’entend pas avec son fils. Après trois années en Morée, il rentre à Marseille.

Marseille en 1720, la peste ne tarde pas à se déclarer. Notre Chevalier continue à se dévouer sans compter dans tout le quartier de Rive-Neuve et de la Tourette. Ce quartier était alors couvert de cadavres pourrissants. Il y conduit le 16 septembre 1720 quarante soldats volontaires d’une compagnie des galères et cent forçats à qui on avait promis la liberté, tous les visages protégés de mouchoirs imbibés de vinaigre. Il donne lui-même l’exemple en descendant de cheval et saisissant par la jambe l’un des cadavres. Sa troupe parvient à trainer les restes putréfiés jusqu’à deux caveaux improvisés (anciens bastions), ensuite comblés de chaux vive et de terre. A peine cinq volontaires survivent ; le Chevalier Roze est contaminé mais, étonnamment, parvient à se rétablir.

En 1722, il obtient le titre de gouverneur de Brignoles. Il meurt en 1733 à Marseille, sa ville natale.

Citadelle de Pylos - Navarin / Methoni ou Modon / Eglise Saint-Laurent et Esplanade de la Tourette, Marseille (on aperçoit le buste du Chevalier Roze au pied de l'église)

Citadelle de Pylos - Navarin / Methoni ou Modon / Eglise Saint-Laurent et Esplanade de la Tourette, Marseille (on aperçoit le buste du Chevalier Roze au pied de l'église)