Isadora Duncan, chorégraphie sur l’Acropole

Isadora DUNCAN (1877-1927) a marqué et a révolutionné la danse au tout début du XX^ème siècle. Elle est parfois appelée « la mère de la danse contemporaine ». Son destin tragique est souvent évoqué. En 1913, ses deux enfants meurent noyés dans la Seine et elle-même meurt à Nice, dans un accident de voiture, étranglée par son écharpe prise dans une roue.

Mais sait-on à quel point cette Américaine, née à San Francisco et installée en Europe, a aimé la Grèce, celle des Anciens et celle de son époque ?

Vers l’année 1903, emportée par l’hellénisme de son frère Raymond, Isadora effectue un voyage en Grèce. Elle s’est déjà fait un nom en Europe occidentale. Sa mère et les quatre enfants (Augustin, Raymond, Isadora, Elisabeth) sont du voyage. Ils visitent les îles ioniennes (en petit voilier, comme Ulysse), ils s’arrêtent à Prévéza en Epire, rendent hommage à Lord Byron à Missolonghi, passent par Patras et se précipitent vers Athènes, à la recherche de la beauté du Parthénon.

Joie, émotion, ils sont séduits par le Parthénon et l’évocation d’Athéna « aux yeux clairs ». Ils décident de s’installer dans la capitale grecque. Vêtus de tuniques et chaussés de sandales, comme les Anciens, ils se lancent à la recherche d’un terrain pour y bâtir leur temple. Ils achètent enfin à des paysans une parcelle sur la colline de Kopanas (actuel quartier de Vyronas). Raymond fait venir des pierres rouges du Pentélique et prend pour modèle le palais d’Agamemnon (Mycènes). La cérémonie de la première pierre se déroule avec prêtre, sacrifice d’un coq et danses jusqu’à l’aube.

Ils se mélangent peu aux Grecs. La nuit cependant, dans le théâtre de Dionysos au pied de l’Acropole, ils chantent régulièrement avec des enfants du quartier. Leur vient l’idée de ressusciter le chœur grec antique. La musique byzantine est l’héritière des hymnes d’Apollon, d’Athéna, … Ils recrutent alors dix gamins et un jeune séminariste du collège byzantin, et adaptent les Suppliantes d’Eschyle sur une musique byzantine. Ils donnent même une représentation devant le roi Georges et la reine.

Après une année en Grèce, logés à l’hôtel d’Angleterre, en difficulté financière et devant le succès des chœurs, ils décident de partir en tournée dans le reste de l’Europe.

Vienne d’abord, puis Munich, Berlin ... Le succès est parfois mitigé. Au bout de six mois, la chorale est démotivée, les petits Athéniens ont de mauvaises fréquentations, l’accueil du public est de moins en moins favorable. La chorale et leur professeur sont alors renvoyés dans leur pays.

Là s’arrête l’expérience grecque d’Isadora. Elle retournera à Corfou quelques années plus tard, après le décès de ses enfants, à la recherche d’une impossible consolation …

Isadora révolutionne néanmoins la pratique de la danse par ce retour aux figures mythologiques antiques grecques. Elle pose les bases de la danse moderne européenne, à l'origine de la danse contemporaine : liberté d'expression, spontanéité, naturel. Elle veut redonner toute sa place à la beauté, à l'harmonie du corps, osant s'exhiber presque nue, dissimulée seulement par quelques voiles.

Beaucoup se rallient à sa philosophie ; elle fonde ainsi plusieurs écoles de danse où elle enseigne, aux États-Unis, en Europe et en Russie.

Isadora et les monuments antiques d'Athènes

Isadora et les monuments antiques d'Athènes

Quelques figures de danse

1 - Isadora avec ses élèves / 2 - Isadora avec ses enfants / 3 - Raymond, le frère d'Isadora, sa femme Pénélope et leur enfant.

1 - Isadora avec ses élèves / 2 - Isadora avec ses enfants / 3 - Raymond, le frère d'Isadora, sa femme Pénélope et leur enfant.

CENTRE DE RECHERCHE SUR LA DANSE

" ISADORA ET RAYMOND DUNCAN "

LE TEMPLE DE LA DANSE

Le Centre « Isadora et Raymond Duncan », Centre de Recherche sur la Danse, a été fondé en 1980 par la Municipalité de Byron (Vyronas, Athènes). Il se situe dans un bâtiment historique de la colline de Kopanas, à Athènes.

Ce bâtiment a été conçu, dessiné et bâti en 1903 par le frère d’Isadora Duncan, Raymond, qui a basé ses plans sur le modèle du Palais de Agamemnon à Mycènes. Il était destiné à abriter le rêve d’Isadora Duncan pour « un Temple de la Danse », dans le berceau de la civilisation qui l’a tant influencée et inspirée.
Avec une vue sur l'Acropole et le Golfe Saronique, la colline de Kopanas (hauteur égale à celle de l'Acropole) a été choisie comme l'endroit idéal.

La Mairie de Vyronas, en rendant hommage à l’œuvre et la contribution d’Isadora Duncan pour l’histoire et la culture grecque, entreprend la restauration du bâtiment, travaux accomplis en 1992.

Depuis, classé par le Ministère Grec de la Culture parmi les monuments modernes, il est incorporé dans les programmes de visite d’étudiants, élèves et touristes, en recevant chaque année un grand nombre de visiteurs, grecs et étrangers.