Stoa Poikilè, galerie d’art.
Sur l’agora de l’ancienne Athènes, parmi d’autres stoas, se trouvait la stoa Poikilè (ἡ Ποικίλη Στοά). Construite au Vème siècle avant JC (entre 475 et 450), elle a peut-être été le premier lieu d’exposition d’œuvres peintes accrochées, à l’instar de nos galeries d’aujourd’hui. En cela, et par la qualité de ses peintures, il s’agissait d’un monument original et réputé.
Le stratège Cimon, en réaménageant l’agora, eut l’idée d’en fixer les limites au nord par cette stoa. Le portique constitua alors une galerie d’histoire et un véritable bâtiment public.
Ainsi, la stoa Poikilè était le lieu où Zénon de Kition aimait à enseigner le stoïcisme, dont il fonda l’école, et à donner des conférences. Le nom de l'école philosophique est dérivé du mot grec stoa. Le stoïcisme est parfois appelé « la philosophie du Portique ».
La stoa fut décorée essentiellement par les peintres Micon d'Athènes, Polygnotos de Thasos, fils d’Aglaophon, et Panainos, frère de Phidias. Les peintures étaient très probablement accrochées à la paroi intérieure de la stoa. Il s’agissait d’honorer les moments de gloire de la cité. À l'époque de Pausanias (IIème siècle après JC), les peintures de la stoa comprenaient :
- La Bataille d'Œnoé, (auteur inconnu)
- Amazonomachie, par Micon
- La Prise de Troie, par Polygnotos
- La Bataille de Marathon, par Panainos (aidé de Micon et de Polygnotos)
Polygnotos reçut la citoyenneté athénienne pour ces tableaux. Grâce à Pausanias, nous pouvons nous faire une idée précise de son style. Il s’agissait sans doute de tableaux peints sur bois. Certains blocs de pierre attestent de tenons de bronze, système de suspension ou de fixation. Pausanias laisse entendre que ces tableaux étaient fixés à des niveaux différents. Par contre, aucune tentative de produire une impression de profondeur, mais des raccourcis et un essai de perspective.
Les dernières fouilles archéologiques récentes effectuées le long de la ligne de métro par l'École américaine d'études classiques d'Athènes, ont révélé une grande partie des fondations et certains éléments inférieurs de la stoa. C'était un bâtiment long, comportant une colonnade ionique dans le grand axe qui supportait la charpente et une colonnade dorique en façade, ouverte au sud-est.
Plan montrant les principaux bâtiments de l'agora. La stoa Poikilè porte le numéro 20. Elle aurait mesuré 11,5 m sur 40 à 50 m. La stoa s’est aussi appelée Peisianaktios, du nom du gendre de Cimon, Peisianax, qui l’aurait construite. Elle était également ornée de statues représentant Solon.
Photos des fouilles de la stoa.
L'ancienne agora d'Athènes, aujourd'hui.
Mais nous en connaissions déjà l’existence et le positionnement par les descriptions de Pausanias (Description de la Grèce), qui put encore visiter la stoa vers l’an 150 de notre ère … soit six cents ans après sa construction ! Plutarque aussi la décrit dans sa Vie de Cimon.
Peinture de la Bataille de Marathon
Cette représentation montre l’assurance et l'identité des Athéniens à la suite des guerres contre les Perses :
Reconstitution de Carl Robert (1894) du tableau de Panainos représentant la Bataille de Marathon à la stoa Poikilè.
De cette peinture « La Bataille de Marathon », Pausanias écrit :
« À l’extrémité du tableau sont les combattants de Marathon : les Béotiens de Platées et tout le contingent athénien engagent le combat avec les barbares ; et là, de part et d’autre, on est également pris dans l’action ; au milieu sont les barbares fuyant le combat et se bousculant en direction des marais et aux extrémités du tableau, les navires phéniciens, et les barbares, qui s’y précipitent, tombant sous les coups des Grecs. Là est représenté aussi le héros Marathon, de qui la plaine tient son nom, et Thésée qui a l’air de sortir de terre, Athéna et Héraclès ; ce sont les Marathoniens, à ce qu’ils disent, qui ont les premiers considéré Héraclès comme un dieu. Parmi les combattants, les plus en vue dans le tableau sont Callimachos, qui avait été désigné comme polémarque des athéniens, Miltiade, un des généraux en fonction, et un héros nommé Echétlos, dont j’aurai encore à faire mention plus loin. »
Pausanias 1.15.3.
La stoa Poikilè est restée en bon état pendant plus de six siècles, gagnant probablement des œuvres d'art au fil des ans. Les peintures ont été enlevées par un gouverneur romain vers 396 après JC. Puis le bâtiment a été démoli certainement pour récupérer des matériaux et construire les remparts de la cité.
Quelques exemples de peintures grecques. Les oeuvres d'époque romaine nous ont également beaucoup appris sur la peinture grecque en très grande partie disparue.
Sources :
Stoa Poikile (stringfixer.com)
Stoa Poikilè — Wikipédia (wikipedia.org)
Peinture de la Grèce antique — Wikipédia (wikipedia.org)
Pausanias, Description de l’Attique, François Maspero, Paris, 1983
Présentation d'un film avec dialogues en grec ancien :
Au nom d'Athènes 1. Vaincre à Marathon in Ancient Greek & French - YouTube