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Publié par Andreas N.

Johan Joachim WINCKELMANN,  « la Grèce, modèle artistique indépassable »

Johann Joachim Winckelmann [Stendal (Allemagne) 1717, Trieste (Italie) 1768] est un archéologue, antiquaire et historien de l’art allemand.

Sa trajectoire personnelle et ses écrits ont un rôle déterminant dans l'émergence d'une nouvelle conception de l'art, le néoclassicisme dont il est le précurseur.

En tant que théoricien, il est souvent considéré comme le fondateur de l’histoire de l'art et de l’archéologie.

Portrait par Anton von Maron, 1768 (en costume rouge). Portrait par Raphael Mengs, vers 1777
Portrait par Anton von Maron, 1768 (en costume rouge). Portrait par Raphael Mengs, vers 1777

Portrait par Anton von Maron, 1768 (en costume rouge). Portrait par Raphael Mengs, vers 1777

Winckelmann naît dans un milieu modeste (son père est cordonnier). Il étudie dans sa ville natale puis à Berlin. Il obtient alors une bourse d'études et entreprend à contre-cœur des études de théologie protestante à l’université de Halle. Il y fait « ses humanités ». Par la suite, il vit modestement comme précepteur auprès d’enfants de familles nobles.

A partir de 1748, il travaille comme bibliothécaire auprès du comte historien Heinrich von Bünau, dans son château de Nöthnitz, près de Dresde. Le comte lui fait ouvrir les portes de la grande collection d’art de l'électeur de Saxe à Dresde.

Winckelmann publie en 1755 son premier ouvrage, Réflexions sur l'imitation des œuvres grecques dans la sculpture et la peinture.

Auguste III, électeur de Saxe et roi de Pologne, lui octroie alors une pension conséquente pour continuer ses études à Rome et étudier les œuvres d’art de l’Antiquité in situ.

À Rome, il occupe le poste de bibliothécaire du cardinal Albani et joue le rôle de guide pour de nombreux voyageurs venus admirer la ville éternelle. Il devient par la suite surintendant des Antiquités puis bibliothécaire et scripteur de la bibliothèque vaticane.

Winckelmann s’appuie sur sa connaissance intime des œuvres, acquise notamment au Vatican, à Herculanum et à Pompéi, pour ce qu’il considère comme sa mission : former le goût de l’élite intellectuelle de l’Occident. Sa formule pour caractériser l’essence de l’art grec, « noble simplicité et grandeur sereine », inspire des générations d’artistes et d’architectes (Jacques-Louis David, Goethe, Schiller, …).

Winckelmann voit dans l’art grec les caractéristiques absolues du beau. Il apparaît ainsi comme un adversaire du baroque et du rococo, en vogue à l’époque, et devient le théoricien du néoclassicisme. Il s’élève contre la ligne ondulante, le pathétique de l’expression et propose le retour à la simplicité, à la sobriété, aux formes nobles et mesurées.

Exemples d'architecture baroque (et statue)
Exemples d'architecture baroque (et statue)
Exemples d'architecture baroque (et statue)
Exemples d'architecture baroque (et statue)
Exemples d'architecture baroque (et statue)

Exemples d'architecture baroque (et statue)

Exemples d'architecture classique (et statue)
Exemples d'architecture classique (et statue)
Exemples d'architecture classique (et statue)
Exemples d'architecture classique (et statue)
Exemples d'architecture classique (et statue)

Exemples d'architecture classique (et statue)

Le savant invente le « beau antique » en marbre blanc. Il n'hésite pas à établir un lien de causalité entre liberté politique et perfection artistique ; pour lui, la qualité des œuvres produites en Grèce à l'époque classique est liée au régime politique d’alors, la démocratie. On comprend mieux aussi la capacité du néoclassicisme à devenir art officiel sous la Révolution et l'Empire.

Il contribue à faire de l’archéologie une science plutôt qu’un passe-temps de riche collectionneur.

Son œuvre principale est l’Histoire de l’art de l’Antiquité (1764), dans laquelle il rejette les classifications établies par Giorgio Vasari (xvième siècle) pour distinguer quatre phases dans l'art grec :

  • Le style ancien,
  • Le style élevé,
  • Le beau style
  • L’époque des imitateurs,

qui ont toujours cours aujourd’hui (style archaïquepremier classicisme du vème siècle, puis second classicisme du ivème siècle, enfin style hellénistique).

Il valorise la période du ivème siècle av. J.-C., qu'il considère comme l'apogée de la sculpture grecque, où aurait été atteinte « une forme de Beau idéal jamais dépassé depuis ». Il est par ailleurs le premier à établir un distinguo entre art grec et art romain.

Autre ouvrage, Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques. Ses écrits sont rapidement traduits en français, italien et anglais et abondamment commentés. Leur retentissement est très important dans le réseau européen des amateurs d'art.

Par ailleurs, il écrit pour le jeune aristocrate balte Friedrich von Berg le Traité sur la capacité à ressentir le Beau (1763), où l’on peut lire : « Comme la beauté humaine doit être conçue, pour être comprise, en une seule idée générale, j’ai remarqué que ceux qui ne sont attentifs qu’aux beautés du sexe féminin et qui ne sont pas ou guère émus par celles du nôtre ont rarement la faculté innée, globale et vive de ressentir la beauté en art ».  Cet enthousiasme pour la beauté masculine est une manifestation de son homosexualité, connue de son entourage.

Trois œuvres d’art grec (l'Apollon et le Torse du Belvédère, et le Laocoon, Vatican) que Winckelmann a décrites de façon complète, enthousiaste, dans un style le plus élevé. Les Grecs regardaient les artistes comme des poètes. Voir son ouvrage "De la description".
Trois œuvres d’art grec (l'Apollon et le Torse du Belvédère, et le Laocoon, Vatican) que Winckelmann a décrites de façon complète, enthousiaste, dans un style le plus élevé. Les Grecs regardaient les artistes comme des poètes. Voir son ouvrage "De la description".
Trois œuvres d’art grec (l'Apollon et le Torse du Belvédère, et le Laocoon, Vatican) que Winckelmann a décrites de façon complète, enthousiaste, dans un style le plus élevé. Les Grecs regardaient les artistes comme des poètes. Voir son ouvrage "De la description".

Trois œuvres d’art grec (l'Apollon et le Torse du Belvédère, et le Laocoon, Vatican) que Winckelmann a décrites de façon complète, enthousiaste, dans un style le plus élevé. Les Grecs regardaient les artistes comme des poètes. Voir son ouvrage "De la description".

Le « roman » de sa mort :

Alors qu’il fait étape à Trieste sous le pseudonyme de Signor Giovanni, Winckelmann est assassiné le 8 juin 1768 dans sa chambre par Francesco Arcangeli, cuisinier et repris de justice logeant dans la chambre voisine. Les deux hommes s'étaient rencontrés le jour de l'arrivée de Winckelmann et avaient passé la semaine précédant sa mort à se fréquenter régulièrement. Arcangeli rendait visite à Winckelmann tous les soirs dans sa chambre, où ce dernier lui avait montré les médailles antiques que l’impératrice Marie-Thérèse lui avait offertes.

Lors du procès qui s'ensuit le meurtrier est condamné au supplice de la roue. Si l'hypothèse de la tentative de vol est souvent retenue, celle du crime sexuel reste possible.

Winckelmann est enterré dans la cathédrale de Trieste.

La cathédrale de Trieste et le Cénotaphe.
La cathédrale de Trieste et le Cénotaphe.

La cathédrale de Trieste et le Cénotaphe.

Les éditions et le musée de Stendal.
Les éditions et le musée de Stendal.
Les éditions et le musée de Stendal.
Les éditions et le musée de Stendal.
Les éditions et le musée de Stendal.
Les éditions et le musée de Stendal.

Les éditions et le musée de Stendal.

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S
Instructif article sur l'art grec et le néoclassicisme, la relation art et politique en Grèce, le rapport à la beauté!<br /> Peut-on trouver ce traité sur la capacité à ressentir le beau?<br /> Merci Andreas de cet article.
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A
On peut trouver les écrits de Winckelmann en librairie, au rayon "Histoire de l'art", même s'il est plus connu en Allemagne qu'en France. J'en ai aussi dans ma bibliothèque perso ... Merci pour ce commentaire !