Musée archéologique du Pirée … du bronze qui vaut de l’or
Le port du Pirée est essentiellement connu pour son activité industrielle et pour les nombreux ferries que les touristes empruntent pour se rendre dans les îles grecques. Mais il mérite que l’on s’y arrête pour d’autres raisons, parmi lesquelles son musée archéologique.
Dans l’antiquité, le Pirée était un port de commerce de première importance en Méditerranée et c’était le port des Athéniens. Aujourd’hui, le musée se trouve sur le site de l’ancien théâtre de Zea datant de la période hellénistique (IIème siècle avant JC).
La visite du musée surprend et émerveille par l’état de conservation de ses bronzes et la richesse de ses marbres.
Les extérieurs du musée.
Bronzes et marbres ...
Quelques exemples admirables :
L'Athéna du Pirée
L'Athéna du Pirée est une très grande statue de bronze, haute de 2,35 m, probablement une statue de culte qui pourrait provenir des sanctuaires de Zeus Sôtêr (Sauveur) et Athéna Sôteira (Sauveuse) au Pirée. Elle pourrait aussi provenir de Délos. Selon les estimations, l'Athéna du Pirée remonte à -360 / -340.
Elle a été retrouvée en 1959 dans un entrepôt du port, incendié lors de sa prise par les Romains, en -86. Des statues attendaient vraisemblablement d'être exportées vers l'Italie.
La statue est presque complète et en état quasi intact. Seuls manquent les attributs et une partie du pied gauche. On ne constate que peu de corrosion en surface.
Le poids du corps repose sur la jambe droite. La déesse porte un peplos ouvert sur le côté droit, retombant en diagonale, au-dessus duquel l'égide forme une bande étroite ornée de serpents et d'une tête de Méduse. Les deux mains portent des traces de fixations. La gauche devait être posée sur un bouclier et la droite tenait probablement une lance, peut-être aussi une chouette.
Le casque, remonté sur la tête, comporte une visière ornée de deux chouettes et des griffons de chaque côté de la crête. Les iris sont incrustés.
En raison de sa similitude avec l'Apollon Patroos du musée de l'Agora antique (Athènes), l'Athéna du Pirée a parfois été attribuée à Euphranor (peintre sculpteur du milieu du ivème siècle avant JC), mais il se peut aussi qu'il s'agisse d'une copie hellénistique, d'après un original du ivème siècle avant JC.
Cette statue, comme les autres de la série, a été coulée par la méthode indirecte à la cire perdue. Il en existe une copie romaine du Ier siècle : c'est l'Athéna Mattei, en marbre, qui se trouve au Louvre, dont le bras droit est disposé différemment.
Statue dite de l'Apollon Patroos (sans tête) et statue de l'Athéna Mattei.
L'Apollon du Pirée
L'Apollon du Pirée est un kouros archaïque en bronze, daté de -520 environ. Hauteur : 1,92 m.
Il a été retrouvé en même temps que l'Athéna et les deux Artémis décrites plus bas.
Comme les trois autres statues qui l'accompagnaient, il a été réalisé selon la technique de la fonte creuse, par la méthode indirecte à la cire perdue. Il pourrait provenir de Délos.
L'Apollon du Pirée représente l'ultime étape dans l'évolution des kouroi archaïques. Il se différencie des productions antérieures par un caractère moins formel et une certaine expression de mouvement dans les membres.
Le kouros tenait des objets dont il reste des traces dans les mains. Il est intact, présentant seulement un peu de corrosion et quelques fissures sur la jambe gauche.
Les deux Artémis du Pirée
Artémis A
L'Artémis "A" du Pirée est une grande statue hellénistique de bronze (1,94 m), du milieu du ivème siècle avant JC, parfois attribuée au sculpteur Euphranor, comme sa voisine Athéna.
La déesse porte un peplos, robe faite d'une seule pièce de tissu non coupé qui s'enroule autour du corps et retombe en formant des plis. Les lanières des sandales, coulées séparément, ont disparu.
Les détails de la statue sont très élaborés et, pour une part, faits d'éléments rapportés : lèvres en cuivre rose qui révèlent des dents en marbre blanc, cils en bronze encadrant des yeux en marbre à iris en bois de châtaignier. Les cheveux, coiffés dans le style « melon », sont ondulés et séparés en sections égales qui remontent en couronne vers le sommet de la tête.
La main gauche contient encore un petit morceau d'argile qui était destiné à caler l'arc. Le carquois a disparu, mais on peut encore en distinguer, dans le dos, les attaches des courroies.
Artémis A
Artémis B
L'Artémis "B" est plus petite, haute de 1,55 m, elle aussi de style hellénistique, de la fin du ivème siècle avant JC ou du début du siècle suivant. C'est la moins bien conservée des statues de bronze du Pirée. Le métal qui la constitue est largement brisé, fissuré, oxydé. Un des côtés du visage est très altéré. Mais le carquois est conservé, ainsi que la chevelure élaborée, faite de tresses remontant en chignon au sommet de la tête.
La pose est similaire à celle de l’Artémis A, mais au lieu du style proche de Polyclète de la première, l'attitude de l’Artémis B est d'allure clairement praxitélienne.
Artémis B
Bien d'autres oeuvres sont à découvrir : en bronze, comme le masque en tête d'article, et en marbre, comme le monument funéraire de Kallithea ... (voir le site du musée).