Yannis MARIS, père du polar grec
Yannis Maris (Γιάννης Μαρής), de son vrai nom Ioannis Tsirimokos, est le père du roman policier grec. Né sur l’île de Skopelos en 1916, il décède d’un cancer à Athènes en 1979. Aucun autre écrivain n’a su décrire avec autant de force la haute société athénienne de l’après-guerre et le monde obscur des collaborateurs qui s’étaient enrichis pendant l’occupation et la guerre civile.
Son fidèle héros est l'inspecteur Bekas (Αστυνόμος Μπέκας), qui apparaît aussi sur le petit et le grand écran grec. Bekas est accompagné d’un sympathique journaliste nommé Makris.
Yannis MARIS.
Ecrivain, journaliste, scénariste et critique de cinéma, Yannis Maris est issu d’une famille connue de la Phthiotide (Grèce centrale). Son père est juriste et lui-même étudie le Droit à Thessalonique. Pendant la 2ème guerre mondiale, il s’engage dans la résistance de gauche et rejoint l’EAM (Front de libération nationale).
Après la guerre, il s’intéresse au journalisme et travaille pour l’hebdomadaire politique et économique «Μάχη» (Lutte) comme rédacteur en chef et critique de cinéma. Puis il collabore avec d’autres journaux avant de démarrer l’écriture de son œuvre dans les années 50, plus de quarante titres !
En 1953 notamment, paraît, sous forme d’épisodes, le roman Έγκλημα στο Κολωνάκι (Crime à Kolonaki), dans le magazine hebdomadaire Οικογένεια (Famille). Plus tard, le roman sort aux éditions Ατλαντίς (Atlantis) et rencontre un grand succès. Dès 1959, le roman est adapté au cinéma avec le même accueil du public !
Lancé dans l’écriture, Yannis Maris laisse donc une pléiade de romans policiers, environ 20 scénarii et deux pièces de théâtre. Ses romans policiers sont réédités plusieurs fois et en différentes langues.
Membre de l’Union des rédacteurs en chef des quotidiens d’Athènes, de la Société des dramaturges, ainsi que de l’Union des critiques de cinéma, Maris s’est vu confié des missions journalistiques dans de nombreux pays.
Bon orateur, il parlait également français. Il participe en outre au rapport sur l’élucidation de l’assassinat du député indépendant de gauche Grigoris Lambrakis (voir l'article de ce blog "Z comme Lambrakis").
Malgré une réussite commerciale et malgré sa popularité, Yannis Maris est boudé par les critiques de son époque. Sa préférence pour le roman policier le prive du statut de grand écrivain. Plus tard cependant, il sera classé parmi les classiques.
Créateur du personnage légendaire Georgios Bekas, il donne à la littérature grecque un héros que l’on peut comparer à l’inspecteur Maigret de Georges Simenon, en plus superficiel diront certains. Mais Maris dépasse de beaucoup l’imitation de romans étrangers. Bekas incarne les valeurs traditionnelles grecques ; il est souvent révolté par les turpitudes des riches.
Illustrations de Michalis Gallias.
D’inspiration cinématographique, ses romans se déroulent en général dans des milieux bourgeois peuplés d’armateurs, d’industriels et d’artistes. Hormis l’enquête policière, les relations amoureuses et le mystère sont les éléments attractifs pour le lecteur. Le véritable intérêt pour Maris est la création d’atmosphères et de relations humaines. Les descriptions sont réduites et les dialogues abondants. Le protagoniste est souvent un homme relativement jeune et plutôt présentable, ayant du succès auprès des femmes mais au passé controversé ou suspect.
Le succès de ces romans, qui se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires, a contribué à l'apparition d’une école du genre.
Beaucoup de ses œuvres ont été adaptées au cinéma, avant et après la mort de Maris, créant ainsi l’équivalent du film noir dans le cinéma grec. Certaines des séries télévisées les plus réussies de la télévision publique et privée étaient basées sur ses œuvres. Entre autres, l’adaptation télévisée de son livre La Disparition de John Avlakiotis a été considérée comme particulièrement réussie (1985).
Enfin, l’œuvre de Yannis Maris fait l’objet de rééditions récentes ainsi que de nouvelles traductions comme celles du Professeur Henri Tonnet (2019).
Bonne lecture … !
Sources