Les palikares en peinture …

Le mot « palikare » bien connu des philhellènes, vient du grec palikári (παλικάρι), qui signifie gaillard, gars, homme brave, courageux.

On le rencontre sous différentes orthographes (palicare, pallikare) mais il s’agit certainement d’un dérivé du grec ancien pállax (πάλλαξ) qui voulait dire jeune homme.

Pallax. Ephèbe à l'entrainement.

On peut lire le mot «παλληκάριον» ou «παλληκάριν» dès le VII^ème siècle de notre ère dans des textes byzantins. A cette époque, le « palikare » était l'assistant à pied d'un soldat à cheval, une sorte de fantassin des forces militaires grecques médiévales. Servant principalement dans les unités frontalières exposées à différentes menaces (Bulgares, Arabes, Turcs …), il est considéré comme un guerrier courageux et habile.

Fresque provenant du monastère de Saint-Lucas (Grèce).

Puis, sous la domination ottomane, « palikare » devient le nom donné aux mercenaires grecs ou albanais. Au service des pachas turcs mais vêtus de leur costume national si caractéristique, ils servent l’empire. A partir de ces rangs sera formée la future armée grecque qui prendra part à la guerre d’indépendance dès 1821. A cette époque révolutionnaire, le mot palikare désigne ce guerrier armé qu’on appelle aussi armatole.

Timbre pour les 150 ans de la révolution grecque.

Le philhellénisme s’est emparé de cette figure et en a fait un héros de la Grèce moderne naissante. Les peintres, comme les écrivains et les poètes, nous ont laissé de belles représentations de ces valeureux combattants.

Quelques exemples

Eduard Magnus (1799-1872)

Eduard Magnus, 1827. Autoportrait.

Peintre prussien remarqué dès sa jeunesse pour son sens aigu des proportions, des couleurs et des formes. Son œuvre comprend le plus souvent des tableaux de genre à thématique méridionale.

Le retour des palikars, réalisé à Paris, est très remarqué lors de l'exposition de l'Académie de Berlin en 1836. Le tableau se trouve aujourd’hui dans la Galerie nationale de Berlin.

La suite de l'œuvre de Magnus est déterminée par la peinture de portraits, par laquelle il transmet un reflet de la société de la grande bourgeoisie et du Berlin intellectuel et artistique.

"Le retour des palikars", E. Magnus.

Eugène Delacroix (1798-1863)

Portrait d'Eugène Delacroix. Félix Nadar.

Eugène Delacroix incarne le philhellénisme français et voit dans les héros de la guerre d’indépendance les héritiers des Grecs de l’Antiquité en lutte contre l’Empire perse. Entre 1823 et 1825, il peint plusieurs tableaux de Grecs en costume de palikares et des Turcs, dont certains ont pu être utilisés pour le célèbre Scène des massacres de Scio.

Personnage en costume de palikare, assis - 1824-25, E. Delacroix

Théodoros Vryzakis (1814-1878)

Théodoros Vryzakis - portrait.

Theódoros Vryzákis (Θεόδωρος Βρυζάκης) est un peintre grec né à Thèbes, spécialisé dans le genre historique épique. Il est connu pour ses portraits de combattants et ses évocations de la guerre d'indépendance grecque. Il est aussi un des premiers membres de l'Ecole de Munich.

Guerriers ... Th. Vryzakis.

Théodore Leblanc (1800-1837)

Th. Leblanc - Portrait d'un jeune homme, vers 1830.

Officier et peintre de batailles né à Strasbourg, Leblanc décède des suites de l’assaut de Constantine (Algérie). Fils de capitaine du génie et capitaine lui-même, Leblanc avait effectué avant 1833 un séjour de trois ans en Grèce, à Constantinople et en Asie mineure. Par la suite, il participa à la campagne d’Algérie dont il prit sur le vif quelques épisodes marquants. Trois tableaux hauts en couleur sont au Musée de Versailles dont : Les Grecs palicares devant Lépante, 1833.

Palikare en route, Théodore Leblanc, 1833-34.

Le camp de Nafpaktos, 1829 - Théodore Leblanc.

Louis DUPRE (1789-1837)

Louis Dupré, autoportrait.

Louis Dupré, né à Versailles, est un peintre d’histoire et lithographe français. Elève de Jacques-Louis David, puis pensionnaire à Rome de Jérôme Bonaparte, alors Roi de Westphalie, il est nommé peintre officiel de ce dernier en 1811.

A l'exposition du Musée Royal en 1824 il présente Vue d'Athènes d'après nature, Divers costumes faits en Grèce d'après nature, Ali Pacha de Janina à la chasse sur le lac de Butrinto, et les dessins rapportés de son voyage à Athènes et à Constantinople. Est exposé à ce salon en 1827 Un grec arborant son étendard sur les murs de Salone, un tableau appartenant au prince de Montfort à Rome.

Nikolakis Mitropoulos hisse le drapeau à Salona. Lithographie (1825), de Louis Dupré.

Un Souliote guerrier portant fustanelle, par Louis Dupré.

Peter Heinrich Lambert von Hess (1792-1871)

Peter von Hess.

Peter von Hess, né à Düsseldorf et décédé à Munich, est un peintre bavarois spécialisé dans les tableaux de bataille (guerres napoléoniennes et guerre d'indépendance grecque). En 1833, il suivit le roi de Grèce Othon I^er dans son nouveau pays, la Grèce. Pour lui, il exécuta de nombreuses toiles historiques.

Peter von Hess, 1837, Une famille retourne dans leur maison détruite à Athènes.

Henri SERRUR (1794-1876)

Henri Auguste Calixte SERRUR, autoportrait.

Henri Serrur, né Henri Auguste César Serrure, est un peintre français. Il étudie d'abord à Lille puis en 1815 il obtient une pension pour venir compléter ses études à Paris. Il s'est spécialisé dans les scènes d'histoire antique ou médiévale et les batailles. Il a également réalisé des portraits, parmi lesquels ceux de neuf papes avignonnais pour le palais des papes d'Avignon.

Mort d'un soldat grec à la prise de Tripolitza en 1820, Henri SERRUR, Musée de Douai.

Theophilos Hadjimichaïl (1870-1934)

Theophilos, photo.

Theóphilos Hadjimichaíl (Θεόφιλος Χατζημιχαήλ) est un peintre naïf grec dit aussi le naïf de Mytilène, né entre 1867 et 1870 à Variá (Lesbos) et mort en 1934.

Il portait le patronyme de sa mère ; son père, Gabriel Kefalas, était cordonnier. Très tôt, il s'est intéressé à la peinture. À 18 ans, il quitte son île pour Smyrne, où il est employé au consulat.

Theofilos - Athanasios Diakos.

Pour s’y retrouver :

Klephtes, armatoles et pallikares …

Les klephtes (κλέφτες = voleurs) sont à l’origine des bandits des montagnes de Grèce durant la période ottomane. Avec le temps, ils sont considérés par la population comme des défenseurs des Grecs opprimés.

Dans une volonté de contrôler le brigandage, les pachas ottomans les mettent à leur service ; ils sont alors appelés les armatoles.

Puis, les klephtes jouent un rôle important pendant la Guerre d'indépendance grecque. Ils prennent alors le nom de pallikares.

Le mot est encore employé aujourd’hui en Grèce de façon affectueuse ou pour flatter un jeune homme …

Sources

En tête d’article : Portrait de palikare grec, anonyme, vers 1900.

palikare | Dictionnaire de l’Académie française | 7e édition (dictionnaire-academie.fr)

Eduard Magnus — Wikipédia (wikipedia.org)

παλικάρι - Βικιλεξικό (wiktionary.org)

Παλληκάρι - Βικιπαίδεια (wikipedia.org)

Armatole — Wikipédia (wikipedia.org)

Pallikare (fr-academic.com)