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Publié par Andreas N.

David d’Angers et les héros grecs

Pierre-Jean David, dit David d’Angers, né à Angers (Anjou) le 12 mars 1788 et mort à Paris le 6 janvier 1856, est un sculpteur et médailleur français, représentatif du romantisme.

Fils d’un modeste sculpteur sur bois, David commence ses études artistiques à l’École centrale d’Angers entre 1806 et 1807. Plus tard, son père s'oppose à la résolution de son fils de se rendre à Paris pour accomplir sa vocation et refuse de financer son départ. Après une tentative ratée de suicide, son père le laisse partir ; David arrive dans la capitale avec quelques économies.

À Paris, en 1808, David sculpte des ornements pour l’arc de triomphe du Carrousel sous la direction de Besnier, puis il travaille sur une frise du palais du Louvre.

L'arc de triomphe du Carrousel, Paris

L'arc de triomphe du Carrousel, Paris

En 1809, il obtient une médaille à l’Académie, et est remarqué par son homonyme le peintre Jacques-Louis David qui le prend sous son aile et le fait travailler dans son atelier. Ses ouvrages, exposés un peu plus tard au concours d’essai, lui permettent de bénéficier d'une pension votée par la ville d’Angers.

David remporte en 1810 le second prix de sculpture, et en 1811 le grand prix de Rome avec le bas-relief Mort d’Épaminondas. Il part comme pensionnaire de l’Académie de France à Rome. L’ouvrage couronné est envoyé par l’artiste au musée de sa ville natale, comme l’a été celui de son second prix Othryadès, que l’on peut admirer au Musée David d’Angers. En Italie, l'art antique, Michel-Ange et Raphaël sont ses sources d'inspiration.

La mort d'Epaminondas, Bas-relief, David d'Angers

La mort d'Epaminondas, Bas-relief, David d'Angers

Othryadès est un guerrier spartiate qui donne la victoire à l'État lacédémonien à la bataille des Champions en -541. En mourant, il inscrit le mot Nikê (victoire) sur son bouclier.

Othryadès est un guerrier spartiate qui donne la victoire à l'État lacédémonien à la bataille des Champions en -541. En mourant, il inscrit le mot Nikê (victoire) sur son bouclier.

Après son séjour à Rome, David traverse la France pour se rendre à Londres où il rencontre le sculpteur John Flaxman. Il  prend part à la réalisation du monument de Wellington (statue d’Achille). David revient à Paris en 1818.

Monument de Wellington (statue d'Achille), Londres, où la nudité du héros a choqué en ce début du XIXème siècle.

Monument de Wellington (statue d'Achille), Londres, où la nudité du héros a choqué en ce début du XIXème siècle.

Philhellène, sensible à la cause grecque, David d’Angers est plein d’admiration pour les combattants grecs qui se soulèvent alors contre le joug ottoman. Après la mort de Markos Botzaris (acteur de la guerre d’indépendance) en 1823, il sculpte pour le tombeau de ce héros un de ses chefs d’œuvres dont il fait don au gouvernement grec en 1837. La statue représente une petite fille déchiffrant de l’index les lettres sculptées dans la pierre. D'un symbolisme poétique, l'image est mélancolique.

L’original se trouve depuis 1961 au Musée d’Histoire nationale d’Athènes. Une réplique est en place sur la tombe de Botzaris à Missolonghi (Etolie-Acarnanie), au Jardin des Héros.

Markos Botzaris, gravure italienne du héro militaire

Markos Botzaris, gravure italienne du héro militaire

L'enfant grecque (copie) lisant le nom de Botzaris, David d'Angers, Missolonghi
L'enfant grecque (copie) lisant le nom de Botzaris, David d'Angers, Missolonghi
L'enfant grecque (copie) lisant le nom de Botzaris, David d'Angers, Missolonghi

L'enfant grecque (copie) lisant le nom de Botzaris, David d'Angers, Missolonghi

En France, le pouvoir royal lui confie l’exécution de la Statue du Grand Condé, qui figure dans la cour d’honneur du château de Versailles. En 1825, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur et, en 1826, il est élu membre de l’Institut de France et nommé, le 11 janvier 1826, professeur à l’école des beaux-arts de Paris.

Il produit une quantité de monuments, tombeaux, statues, bustes, et bas-reliefs, dont le célèbre fronton du Panthéon de Paris en 1837. Dans les années 1830, il sculpte une importante série de portraits en médaillons de personnalités contemporaines dans laquelle il applique les principes de la phrénologie (étude du caractère d'un individu, d'après la forme de son crâne) à un niveau esthétique.

Fronton du Panthéon, Paris
Fronton du Panthéon, Paris

Fronton du Panthéon, Paris

En 1848, il est élu représentant du peuple par le département de Maine-et-Loire. Il entre à l'Assemblée nationale constituante, puis à l'Assemblée nationale législative, où il siège avec la Montagne.

Mais en 1852, après le coup d'État de Napoléon III, David doit quitter la France ; il est indésirable car démocrate. Avec sa fille, il passe d’abord en Belgique puis s'exile en Grèce.

Il se rend à Missolonghi, sur la tombe de Botzaris. Il est alors déçu de trouver sa création dans un mauvais état. La statue avait souffert du voyage, et les Grecs n’en avait pas pris grand soin. Embarrassé, le gouvernement grec décide alors de la faire restaurer. L’œuvre trouve ensuite différents abris avant d’être à sa place actuelle.

L'enfant grecque. Musée d'Histoire nationale, Athènes
L'enfant grecque. Musée d'Histoire nationale, Athènes
L'enfant grecque. Musée d'Histoire nationale, Athènes
L'enfant grecque. Musée d'Histoire nationale, Athènes

L'enfant grecque. Musée d'Histoire nationale, Athènes

La Grèce est pauvre. David, touché, tente de trouver un dérivatif dans le travail. Il rend visite à la Duchesse de Plaisance (voir l'article de ce blog) puis sculpte le buste de Constantin Canaris, qui est le type même du héros qu’il vénère. Enfin, la santé de David déclinant, il rentre en France et décède le 6 janvier 1856, rue d'Assas à Paris. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.

Konstantinos Kanaris (1790-1877), ou Constantin Canaris, marin et homme d'Etat

Konstantinos Kanaris (1790-1877), ou Constantin Canaris, marin et homme d'Etat

David d'Angers photographié par Edouard Baldus. Sa tombe, au Père Lachaise
David d'Angers photographié par Edouard Baldus. Sa tombe, au Père Lachaise

David d'Angers photographié par Edouard Baldus. Sa tombe, au Père Lachaise

Sources

Pierre-Jean David d'Angers — Wikipédia (wikipedia.org)

 

« To Kastelo tis rododaphni », Yannis Kairofylas, Editions Filippoti, Athènes, 2004

 

Pour en savoir plus

La Jeune Grecque de David d’Angers ou le rêve brisé (openedition.org)

 

 

 

 

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