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Publié par Andreas N.

Kaisarianí, lieu de résistance

Kaisariani (en grec Καισαριανή) est un quartier d'Athènes situé à l’est de la capitale, au pied et au nord-ouest du mont Hymette, à 3 km du centre et à 130 mètres d’altitude.

La plus grande partie (environ 80%) de la municipalité de Kaisariani est une zone montagneuse et verte. En 2021, la population de la zone résidentielle était de 26 269 habitants. Le fameux monastère byzantin de Kaisariani accroit la notoriété du lieu.

Kaisarianí, lieu de résistance

L’origine du nom fait l’objet de différentes hypothèses :

Pour certains, Syriani était l’ancien nom de la région. La source et cette partie de l’Hymette auraient porté le nom d’une prêtresse de la déesse Artémis, nommée Saisara.

D’autres prétendent que le lieu doit son nom à Jules César qui avait une villa dans le secteur …

Selon une autre interprétation, le nom vient du philosophe Syrianos (Vème siècle) qui vivait à Athènes ou d’une femme syrienne, qui devait être une dévote du monastère.

D’autres encore disent que le nom vient du fondateur du monastère, un nommé Kaisarios, ou alors de frères de l’empereur exilés à Athènes par l’impératrice Irène (752-803).

Kaisarianí, lieu de résistance
Kaisarianí, lieu de résistance
Kaisarianí, lieu de résistance

Quoi qu’il en soit, le nom Kaisariani apparaît à l’écrit pour la première fois dans une lettre du métropolite d’Athènes Michel Choniatès (1140-1220), qui s’était retiré sur l’île de Kéa, lettre adressée à l’abbé du monastère.

Par ailleurs, après la conquête franque de 1204, le pape Innocent III (1198–1216) place le monastère, avec les autres monastères de l’Hymette, sous la juridiction de l’archevêque latin d’Athènes. Il mentionne, dans une lettre à cet archevêque (1208), le monastère de Sancta Syriani.

Ce nom très répandu figure dans un chant démotique (populaire) dont voici un extrait : « Au Syriani, la marche ; au Pendeli, le miel et au Daphni, l’eau fraîche que boivent les anges » / « Στη Συργιανή σεργιάνι (= περίπατος) και στην Πεντέλη μέλι και στο Δαφνί κρύο νερό που πίνουν οι άγγελλοι ». Ces paroles font allusion à trois monastères autour d’Athènes.

Le monastère de Kaisariani (en haut), le monastère du Pendeli (en bas à gauche) et le monastère de Daphni (en bas à droite)
Le monastère de Kaisariani (en haut), le monastère du Pendeli (en bas à gauche) et le monastère de Daphni (en bas à droite)Le monastère de Kaisariani (en haut), le monastère du Pendeli (en bas à gauche) et le monastère de Daphni (en bas à droite)

Le monastère de Kaisariani (en haut), le monastère du Pendeli (en bas à gauche) et le monastère de Daphni (en bas à droite)

Le monastère de Kaisariani était à son apogée à la fin du XIIème et au début du XIIIème siècle ; c’était un lieu très fréquenté pendant l’occupation franque et turque.

Le monastère de Kaisariani
Le monastère de Kaisariani
Le monastère de Kaisariani
Le monastère de Kaisariani
Le monastère de Kaisariani
Le monastère de Kaisariani

Le monastère de Kaisariani

Mais le quartier de Kaisariani a été réellement créé par des réfugiés grecs d’Asie Mineure (Mikrasiates) qui venaient en Grèce après la grande catastrophe de 1922. La plupart d’entre eux étaient originaires de Smyrne (Izmir) ou des villages environnants tels que Vourla.

La 1ère école primaire de Kaisariani a été construite en 1930 grâce à un don d’Elena Venizelou, épouse du Premier ministre grec de l’époque, Eleftherios Venizelos.

Installation des réfugiés. L'école.
Installation des réfugiés. L'école.
Installation des réfugiés. L'école.

Installation des réfugiés. L'école.

Maisons de réfugiés.
Maisons de réfugiés.
Maisons de réfugiés.

Maisons de réfugiés.

En 1934, Kaisariani est détaché de la municipalité d’Athènes et devient une municipalité autonome.

Le Panionios Kaisarianis Football Club (Ποδοσφαιρικός Αθλητικός Όμιλος Πανιώνιος Καισαριανής est un club omnisport fondé en 1946 par les réfugiés d'Asie Mineure. D’autres clubs dans d’autres disciplines font de Kaisariani un quartier sportif.

Kaisarianí, lieu de résistance

L’électorat du quartier se situe traditionnellement à gauche. En 1964, le résistant Panagiotis Makris (1917-2015) est élu maire, puis limogé par la junte et exilé en 1967, pour revenir en 1975 et être réélu en 1978 et 1986.

Depuis le 1er septembre 2019, le maire de Kaisariani est le candidat indépendant Christos Voskopoulos, natif du quartier.

Kaisarianí, lieu de résistance

Résistance nationale et chanson !

 

1944

Le 27 avril 1944, à Molaoi, en Lakonie, les combattants de l’EAM (Front de Libération Nationale) ont tendu une embuscade à un cortège de quatre voitures allemandes, tuant un général allemand, son état-major et la plupart de sa garnison. Les représailles furent dures. Quelques jours plus tard, le premier mai, les Allemands exécutent en masse 200 prisonniers communistes grecs au champ de tir de Kaisariani. Un lieu emblématique et un quartier de la Résistance où les Allemands ont déjà exécuté des patriotes grecs.

Deux décennies plus tard, en 1965, Leftèris Papadopoulos écrit les paroles de la chanson « Samedi soir à Kaisariani » mise en musique par Stavros Xarchakos ; toute la Grèce pleure. Le titre sera déclaré comme l’une des 10 meilleures chansons grecques produites par le pays !

Le 1er mai 1944

Le 1er mai 1944

Ecoutez …

Chanson « Samedi soir à Kaisariani »

 

Première interprétation de Grigoris Bithikotsis :

(183) ΣΑΒΒΑΤΟΒΡΑΔΟ ΣΤΗΝ ΚΑΙΣΑΡΙΑΝΗ (ΣΤΙΧΟΙ) - YouTube

 

Puis interprétée par Mélina Merkouri :

(183) Μελίνα Μερκούρη - Σαββατόβραδο στην Καισαριανή - YouTube

Cette chanson fera probablement l’objet d’un prochain article sur ce blog, avec transcription et traduction.

Kaisarianí, lieu de résistance

Dans la nuit du 16 au 17 juin 1944, 10 hommes d'EPON (Ενιαία Πανελλαδική Οργάνωση Νέων, organisation de jeunes résistants, membre de l’EAM) et des combattants de l'ELAS (branche militaire de l’EAM) perdent la vie dans une embuscade tendue par l’occupant, dans la zone du monastère de Kaisariani où ils ont été enterrés.

 

Sites et monuments

L’avenue centrale qui traverse Kaisariani s’appelle « avenue de la résistance nationale » (Ethnikis Antistasis).

L’avenue centrale qui traverse Kaisariani s’appelle « avenue de la résistance nationale » (Ethnikis Antistasis).

Un « Monument de la Résistance » a été érigé sur le site ainsi que le « Musée de la Résistance Nationale ».
Un « Monument de la Résistance » a été érigé sur le site ainsi que le « Musée de la Résistance Nationale ».

Un « Monument de la Résistance » a été érigé sur le site ainsi que le « Musée de la Résistance Nationale ».

Eglise Saint Nicolas
Eglise Saint Nicolas

Eglise Saint Nicolas

Enfin, ces dernières décennies, les habitants de Kaisariani ont dû lutter contre la pression immobilière qui rêvait de raser les maisons anciennes pour construire du moderne … Ils ont gagné et aujourd’hui ces maisons restaurées abritent de beaux établissements (bars, tavernes …) qui font la joie des jeunes et des moins jeunes.

Kaisarianí, lieu de résistance
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O
Sincèrement MERCI pour cet article qui m'apprend beaucoup sur Kaisariani, dont j'ignorais tout.<br /> Décidément, votre blog contient de multiples pépites et je n'ai pas encore tout découvert !
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A
Merci pour ce commentaire. A bientôt.